Montrer du dos à l’écran, ouvrir une brèche dans l’espace et le temps avec le tranchant d’un regard


Date : 2023
Auteur : Malivaï Veillerant
Directeur(s) de mémoire : Giusy Pisano & Jean-Paul Civeyrac

Cinéma

Résumé : Prendre conscience de la versatilité du dos au cinéma, c’est se doter d’un outil de mise en scène à la simplicité de mise en œuvre inégalée. Un dos habite le cadre au confluent de nombreuses influences qui sont capables de dérégler l’équilibre habituel de la représentation. En niant le regard du spectateur, la posture dorsale l’empêche d’exercer sa toute-puissance sur l’image et introduit un obstacle libérateur à bien des niveaux : c’est un doute qui contamine la compréhension du film et invite à une approche plus intime de la vie des personnages, c’est un vertige qui verse dans la démesure et ébranle l’espace en laissant sentir une présence qui dépasse le cadre et enfin c’est une latence qui affole la marche du temps et permet des prouesses elliptiques. J’étudie le subtil pouvoir du dos au cinéma dans un corpus hétéroclite qui laisse entrevoir qu’il occupe tous les pans du cinéma mondial et toutes ses époques, en passant rapidement par le théâtre symboliste de Maeterlinck et l’absurde de Beckett. Cette recherche dans le sillon du dos à l’écran convoque le cinéma de William Wyler, de Hou Hisao-Hsien et Edward Yang, de Victor Erice, à Béla Tarr en passant par le geste radical d’Alan Clarke, pour finir chez Wim Wenders, Tarkovski, Agnès Varda et Nikita Mikhalkov.

Mots-clés : Dos – Visage – Frontalité – Regard – Transgression – Espace – Hors-champ – Temps – Présence – Seuil

Abstract: Becoming aware of the versatility of the back in cinema is giving yourself a staging tool of unrivalle simplicity. A back inhabits the frame at the crossroad of numerous influences, altogether able to upset the usual balance of representation. By denying the viewer’s gaze, this silent face prevents him from exercising his omnipotence over the image, and introduces a liberating barrier on many levels. It’s a doubt that contaminates the understanding of the movie and invites a more intimate approach to the character’s lives. It’s a dizzy spell on the brink of excess that shakes the mear essence of reality, letting us sense a presence from beyond the frame. And finally, it’s a latency that derails the passing of time and allows to breach it. I study the subtle power of the back in
cinema through a heterogenous corpus that suggests that the back reaches to all the corners of world cinema, even making a detour by Maeterlinck’s symbolist theater and Beckett’s absurdism. This research calls on William Wyler, Hou Hsiao-Hsien and Edward Yand, Victor Erice, Béla Tarr and Alan Clarke to end its journey with Wim Wenders, Andreï Tarkovsky, Agnès Varda and Nikita Mikhalkov.

Keywords: Back – Face – Frontality – Gaze – Transgression – Space – Off-camera – Time – Presence – Threshold

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