“Aimer des films qui ne m’aiment pas”. Relecture féministe de l’histoire de la cinéphilie française pour repenser son regard critique et sa pratique de cinéma
Auteur : Inès CLIVIO
Directeur(s) de mémoire : Michel Marx et Héloïse Pelloquet
Cinéma
Résumé : S’il est désormais admis dans l’art que la perspective est une interprétation du réel et non sa représentation objective, il est encore difficile de formuler en France un tel raisonnement sur l’influence du genre (masculin ou féminin) sur les productions culturelles. L’universalisme français dont la cinéphilie se prévaut serait neutre, et le féminisme partial. Mais si nous postulions que l’universalisme est également partial ? Que loin d’être neutre, il est le produit d’une norme masculine et hétérosexuelle ? Et que s’il n’est jamais questionné, il continuera d’effacer d’autres imaginaires ? Dans ce mémoire, je propose de relire la cinéphilie à l’aune de ce postulat : comment la grille de lecture de la cinéphilie a empêché d’autres formes d’analyse d’exister (de genre, culturelle) ; comment différents schémas de domination ont été perpétués à travers les siècles et les arts, puis reconduits dans les films aimés par la cinéphilie jusqu’à aujourd’hui. Comprendre finalement pourquoi une majorité de films ne m’a très longtemps pas “regardée”, moi et beaucoup d’autres femmes. Mais aussi comment certains films aujourd’hui me regardent.
Mots-clés : féminisme, féministe, modernisme, cinéphilie, masculin, hétérosexuelité, genre, hétéronormativité, histoire des représentations, Nouvelle Vague, Cahiers du Cinéma, schéma narratif, histoire du cinéma, imaginaires, archives
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Abstract: While it is now accepted in the art world that perspective is an interpretation of reality and not its objective representation, it is still difficult to formulate such a thinking in France about the influence of gender (male or female) on cultural productions. The French universalism on which cinephilia prides relies would be neutral, while feminism would be partial. But what if we assumed that universalism is partial as well? Far from being neutral, that it is the product of a masculine and heterosexual norm? And if it is never questioned, that it will not leave room for other imaginaries? In this thesis, I propose to consider cinephilia from a critical perspective in the light of this assumption: how the cinephilia reading grid prevented any other form of film analysis (gender, cultural) from existing; how multiple narrative patterns are perpetuated across the arts and the centuries; how the films beloved of cinephilia have reconveyed, in more « distinguished » forms, male domination so far. To eventually understand why for a very long time the majority of these films didn’t « look » at me, and neither many other women. But also how certain films look at me today.
Keywords: feminism, feminist, modernism, cinephilia, masculinity, heterosexuality, gender, heteronormativity, history of representations, Nouvelle Vague, Cahiers du Cinéma, narrative pattern, history of cinema, imaginaries, archives
