Corps évanescents : apparitions et subversion en clair-obscur d’après Un chant d’amour (1950) de Jean Genet


Date : 2024
Auteur : Hugo MARGARON
Directeur(s) de mémoire : David Faroult & Jean-Claude Larrieu

Cinéma

Résumé : Sur un fond noir abstrait ou en avant du mur gris de leurs cellules, les détenus d’Un chant d’amour (1950) tentent de communiquer mais s’exposent surtout entre lumière et ombre. Les corps de l’unique film de Jean Genet sont pris dans un système de regards, du maton à la caméra, et dans un clair-obscur marquant chaque séquence. Cet éclairage puissant partage les figures entre clarté et obscurité, il met en valeurs les volumes et abstrait les fonds en surfaces. Entre apparition et disparition, les corps que représente Genet sont sordides en même temps qu’homoérotiques. Cette étude ne propose pas une lecture des images avec la littérature ou la biographie de Genet, mais tente plutôt de tirer le fil des puissances lumineuses et obscures à l’oeuvre au sein de la mise en- scène, allant de paradoxe en contradiction vers une posture en négatif du monde. Puisque ces corps, ceux des prisonniers habituellement exclus se retrouvent ici idéalisés, sublimés, et trouvent finalement par le clair-obscur une faculté de réinvention manifeste. Entre suggestion et monstration, il sera question de la puissance subversive que ces figures acquièrent dans un film resté emblématique d’une homosexualité longtemps marginale.

Mots-clés : clair-obscur ; Un chant d’amour ; Jean Genet ; cinéma – esthétique ; photographie de cinéma ; homoérotisme ; homosexualité ; subversion ; queer ; corps ; figure ; suggestion ; surface ; profondeur.

Abstract: On an abstract black background or in front of the grey wall of their cells, the prisoners of Un chant d’amour (1950) try to communicate, but above all they expose themselves between light and shadow. The bodies showed in Jean Genet’s only film are caught in a system of gazes, from the guard to the camera, and through a chiaroscuro that affects each sequence. This powerful lighting divides the figures between light and darkness, highlighting volumes and abstracting backgrounds into surfaces. Between appearance and disappearance, the bodies Genet depicts are both sordid and homoerotic. This study does not propose a ‘reading’ of the images using Genet’s literature or biography, but rather attempts to draw the luminous and obscure powers at work within the mise-en-scène, moving from paradox to contradiction toward a negative posture. These bodies, those of the prisoners who are usually excluded, are idealized and sublimated, and the chiaroscuro gives them a clear ability to reinvent themselves. Between suggestion and exhibition, we’ll be looking at the subversive power that these figures acquire in a film that has remained emblematic of a longtime excluded homosexuality.

Keywords: chiaroscuro ; Un chant d’amour ; Jean Genet ; cinema – aesthetic ; cinematography ; homoerotism ; homosexuality ; subversion ; queer ; body ; figure ; suggestion ; surface ; depth.

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