Beauviatech


Analyse du fonds d’archives de l’inventeur et ingénieur Jean-Pierre Beauviala, figure majeure de l’histoire des techniques cinématographiques et audiovisuelles, et fondateur de la société française Aaton

IDENTITÉ DU PROJET ET PARTENAIRES

Coordonné par Giusy Pisano, le projet Beauviatech s’inscrit dans le programme international TECHNÈS. Il s’agit d’un projet de recherche collaboratif, porté à l’Université Rennes 2, avec pour partenaires l’Université Rennes 1 (IRISA), La Cinémathèque française, la Fémis et l’ENS Louis-Lumière . Il est doté d’une aide de l’ANR de 150 732 euros, pour un coût global de près de 640 000 euros.

CONTEXTE ET OBJECTIFS

Ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « révolution numérique », et que nous considérerons bien plus comme une « transition numérique » relève, fondamentalement, d’une forme d’hybridité entre les pratiques argentiques et les pratiques numériques qui caractérise simultanément la pratique, l’esthétique, la technique, la diffusion, la réception, l’économie, ainsi que les métiers du cinéma. Cette hybridité explique la complexité à penser cette transition numérique, analysable sous des angles à la fois pratique, sociologique, économique et esthétique, qui ont ici pour point commun de découler très directement de considérations techniques.

L’une des ambitions de BEAUVIATECH est de montrer que la transition numérique ne doit pas tant s’envisager sous l’angle de la rupture que de celui de la continuité et/ou du déplacement (transformation des pratiques, des corps de métiers, des considérations économiques, de l’esthétique, du rapport aux images, des réflexions théoriques et épistémologiques, etc.). Ce projet prend donc en compte la mémoire de l’argentique, d’une part pour être plus à même de penser ses liens avec le numérique et d’autre part dans une logique de préservation alors même que les gestes se modifient, que les techniques se transforment, que les savoir-faire se déplacent ou, parfois, disparaissent.

Ce passage de relais technique argentique/numérique est étudié partir d’un cas spécifique, choisit en vertu de sa pluridimensionnalité : il s’agit du fonds d’archives de l’inventeur et ingénieur Jean-Pierre Beauviala, figure majeure de l’histoire des techniques cinématographiques et audiovisuelles, et fondateur de la société française Aaton, fabricant de matériel audiovisuel dont l’existence s’étend de 1971 à 2013. Cette société a été à la fois à l’origine d’innovations techniques liées à l’argentique et à la vidéo analogique, et un acteur majeur de la transition vers les pratiques numériques.

PARTICIPATION DE L’ENS LOUIS-LUMIÈRE :

1/ ATELIER « FILMER AVEC LA PENELOPE DELTA »
5 ET 6 NOVEMBRE 2019

Filmer avec la Penelope Delta » est un atelier permettant de faire découvrir une caméra mythique, mise au point par Jean-Pierre Beauviala et ses ingénieurs en 2013. Il n’existe à ce jour que huit exemplaires de la Pénélope Delta, restée au stade de prototype. Les étudiant.es en définiront ses caractéristiques afin d’en connaître les potentialités et feront des images. Dernière caméra de fabrication française, la Penelope Delta témoigne d’un modèle de production propre à Aaton, qui a donné à Jean-Luc Godard, Louis Malle, Jean Rouch et à nombre d’autres cinéastes, la possibilité de faire un « cinéma-vérité ». La Penelope Delta s’inscrit dans la continuité du lien étroit que Jean-Pierre Beauviala a tissé avec le cinéma et les cinéastes depuis 50 ans.

Pascal Lagriffoul, chef opérateur et enseignant à l’ENS Louis-Lumière, a animé cet atelier qui a pour but d’expérimenter et de penser les pratiques technologiques et esthétiques mises en œuvre avec cette caméra et d’en mesurer les enjeux. Les étudiant.es ont bénéficié ainsi de son expertise ainsi que de celle d’intervenants extérieurs, techniciens et ingénieurs. Le premier atelier a été animé par Martin Roux (cinéma, 2012), directeur de la photographie.

Cet atelier se fonde d’abord sur l’idée que l’outil n’est pas neutre et que le choix d’une caméra plutôt qu’une autre détermine les images filmées. Il est nécessaire de rappeler cette évidence aux futurs cinéastes dans la mesure où le discours qui a accompagné le développement des technologies numériques a construit un infini possible qui passe par une perception de plus en plus désincarnée de l’outil.

La Penelope Delta a été conçue comme une caméra innovante, contenant des potentialités particulières comme le capteur vibrant qui, dans l’esprit de l’inventeur, faisait un lien entre numérique et argentique. L’un des enjeux de l’atelier est aussi de réfléchir à la notion de prototype, c’est-à-dire mettre en évidence les questions techniques qui se posent et trouver des pistes de réponses,

Au-delà de l’aspect technique de l’atelier, les étudiant.e.s sont amené.e.s à réfléchir au paysage technologique numérique qui impose peu à peu des normes et des pratiques.

LES COMPETENCES A ATTEINDRE

Les étudiant.e.s intègrent à la démarche du chef opérateur l’apport spécifique de l’outil. Tous les choix techniques que la caméra propose, par exemple l’obturateur réglable à fentes, la technologie CCD du capteur font l’objet de tests. Il s’agit aussi d’amorcer une réflexion sur l’ingénierie des caméras permettant de passer du désir artistique à la réalisation technique.

VALORISATION

Parmi les idées de livrables et de valorisation, nous envisageons de demander aux étudiant.e.s de rédiger collectivement le mode d’emploi de la Penelope Delta qui n’a jamais été écrit. Celui-ci constitue une documentation précieuse pour les professionnels et les chercheurs en histoire des techniques cinématographiques. Nous souhaitons aussi réaliser un objet filmique et multimédia contenant les essais filmés de la Penelope Delta. Jean-Pierre Beauviala n’étant pas suffisamment reconnu à nos yeux, nous cherchons à valoriser son œuvre plus largement qu’elle ne l’est aujourd’hui. Cette création y contribue.

2/ PARTICIPATION À LA VALORISATION DU PROJET

  • Traitement et valorisation d’un fonds photographique
  • Publication du Cahier Louis-Lumière 14 (2020) : Aaton : réinventer le cinéma
  • Colloque de clôture (2020) : transition de l’argentique au numérique
  • Publication de la revue Création collective n°7 (2024) : Repenser la transition numérique

COMITÉS EXÉCUTIF/SCIENTIFIQUE

Comité exécutif de Beauviatech

Gilles Mouëllic, Jean-Baptiste Massuet, Marc Christie, Elisa Carfantan, Laurence Bouvet-Lévêque
Comité scientifique de Beauviatech

Bérénice Bonhomme, Elisa Carfantan, Marc Christie, Joël Daire, Simon Daniellou, Alexia de Mari, Hélène Fleckinger, André Gaudreault, Denis Grizet, Kira Kitsopanidou, Pascal Lagriffoul, Jean-Baptiste Massuet, Caroline Moricot, Gilles Mouëllic, Giusy Pisano, Éric Thouvenel, Barbara Turquier, Gregory Wallet

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